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çurent de petits papiers qui les engageaient à aller payer l’impôt, sous peine de contrainte, et ils virent là-dessus des sommes bien plus fortes que celles qu’ils avaient payées jusque-là. Pour Jean, on lui redemandait non-seulement le petit écu qu’il avait reçu, mais cinq ou six autres, et il se rendit en colère chez le bailli, disant qu’il devait y avoir erreur, et qu’il s’en plaindrait au prince. Il se trouvait là un grand nombre d’autres habitants, venus pour le même motif.

Le bailli était un homme sage, qu’on n’avait pas encore eu le temps de changer, et il recevait toutes ces plaintes en haussant les épaules et en souriant tristement.

— Que voulez-vous, disait-il, il faut de l’argent aux rois,

— Que dites-vous là ? répliqua Jean ; ce sont les pauvres qui en ont besoin d’argent, et ce sont les rois qui le donnent.

— Imbécile ! dit le bailli, tu crois apparemment que c’est des riches que vient la richesse !

— Parbleu ! s’écria Jean.

— C’est tout le contraire, dit le bailli ; ce sont les riches qui la reçoivent, et ce sont les pauvres qui la fout. Car c’est la sueur qui produit l’or, et les riches ne suent ai ne travaillent. Vous avez voulu avoir un monarque et une cour, il faut les payer. N’êtes-vous pas trop heureux de vous procurer ainsi, grâce à votre argent, un foyer de splendeur où vous délecter les yeux !

— Ainsi, dit un bonne, les 50 livres qu’il a données pour nos incendiés venaient de notre poche !

— C’est ainsi qu’il vous rend ce qu’il a reçu de vous, observa un partisan du roi ; c’est un moyen ingénieux de faire circuler la richesse.

M’est avis qu’il s’en doit perdre en route, dit un autre, et pour moi, je n’é-