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dictature, n’avaient point parlé d’avance de priver les exploiteurs du droit de vote. Cette caractéristique de notre dictature n’est pas le résultat « d’un plan » d’un parti quelconque, elle a surgi d’elle-même au cours de la lutte. L’historien Kautsky ne l’a pas remarqué, évidemment. Il n’a pas compris que, déjà au moment où les menchéviks, partisans de l’accord avec la bourgeoisie, dominaient dans les Soviets, la bourgeoisie se sépara d’elle-même des Soviets, les boycotta, se déclara leur adversaire, intrigua contre eux. Les Soviets ont surgi sans constitution aucune, et, pendant plus d’une année, du printemps de 1917 jusqu’à l’été de 1918, ils ont subsisté sans aucune constitution. La colère de la bourgeoisie contre l’organisation indépendante et toute-puissante (puisqu’elle les embrassait tous) des opprimés, la campagne la plus éhontée, la plus intéressée, la sale campagne de la bourgeoisie contre les Soviets, enfin la complicité manifeste de la bourgeoisie, depuis les cadets jusqu’aux s.-r. de droite, depuis Milioukov jusqu’à Kérensky, dans l’aventure de Kornilov, tout cela prépara l’exclusion formelle de la bourgeoisie des Soviets.

Kautsky a entendu parler du complot de Kornilov, mais il méprise magnifiquement les faits historiques, le cours des événements et les formes de la lutte qui devaient déterminer les formes de la dictature : à quoi bon l’histoire en effet, quand il s’agit de « démocratie pure ». Voilà pourquoi la « critique » de Kautsky, dirigée contre la suppression du droit électoral de la bourgeoisie, se distingue par une naïveté candide qui serait attendrissante chez un enfant, mais qui suscite le dégoût chez un homme qui n’est pas encore officiellement reconnu comme tombé en enfance.