Page:Lénine - La révolution prolétarienne et le rénégat Kautsky, 1921.djvu/33

Cette page n’a pas encore été corrigée

Plus la démocratie est développée et plus, en cas de divergence politique profonde et dangereuse pour la bourgeoisie, elle a des chances de tourner au massacre ou à la guerre civile. Cette « loi » de la démocratie bourgeoise, le savant monsieur Kautsky aurait pu l’observer à l’occasion de l’affaire Dreyfus dans la France républicaine, ou du lynchage des nègres et des internationalistes dans la république démocratique d’Amérique, par l’exemple de l’Irlande et de l’Ulster dans l’Angleterre démocratique, dans les persécutions et les massacres organisés contre les bolchéviks en avril 1917 dans la république démocratique russe. C’est exprès que je cite des exemples non seulement du temps de guerre, mais du temps de paix.

Le doucereux M. Kautsky se plaît à fermer les yeux sur ces faits du XXe siècle, mais en revanche, il débite aux travailleurs des choses étonnamment neuves, remarquablement intéressantes, inaccoutumées et instructives, incroyablement importantes sur les whigs et les tories du XVIIIe siècle.

Prenez le parlement bourgeois. Peut-on admettre que le savant Kautsky n’ait point ouï-dire que les parlements bourgeois sont dans une dépendance d’autant plus grande de la bourse et des banquiers, que la démocratie est plus développée. Il ne s’ensuit pas qu’il ne faille pas se servir du parlementarisme bourgeois, et les bolchéviks s’en sont servi avec succès plus qu’aucun autre parti du monde, puisque de 1912 à 1914 nous avons conquis toute la curie ouvrière dans la quatrième Douma. Mais il s’ensuit qu’il n’y a qu’un libéral capable d’oublier l’étroitesse et la relativité du parlementarisme bourgeois, comme le fait Kautsky. Dans l’état bourgeois le plus démocratique, les masses opprimées se heurtent à chaque pas à une contradic-