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lui-même a réfuté, oh ! bien involontairement, cette légende ridicule que les bolchéviks n’ont pour eux que la minorité de la population.

Ensuite, mon cher théoricien, avez-vous songé que le petit producteur paysan oscille inévitablement entre le prolétariat et la bourgeoisie ? Cette vérité marxiste, confirmée par toute l’histoire de l’Europe contemporaine, Kautsky l’a « oubliée » fort à propos, car elle réduit en poussière toute la « théorie » menchéviste reproduite par lui. Si Kautsky ne l’avait pas ainsi oubliée, il n’aurait pu nier la nécessité de la dictature du prolétariat dans un pays où dominent les petits producteurs paysans.

Examinons le contenu essentiel de l’ « analyse économique » de notre théoricien.

Que le pouvoir soviétiste soit une dictature, cela est incontestable, dit Kautsky. « Mais est-ce bien la dictature du prolétariat ? » (p. 34). « D’après la constitution soviétiste, les paysans composent la majorité de la population jouissant du droit de participer à la lélégislation et à l’administration. Ce qu’on nous donne comme la dictature du prolétariat, si toutefois elle était réalisée logiquement et si, de façon générale, une classe pouvait directement réaliser la dictature, ce qui n’est possible que pour un parti, ne serait autre chose que la dictature de la classe paysanne » (p 35).

Enchanté d’un raisonnement aussi profond et aussi spirituel, le bon Kautsky se risque à l’ironie : « Il en résulterait que le plus sûr moyen d’obtenir sans à-coups la réalisation du socialisme serait de la confier aux mains des paysans » (p. 35).

À grands renforts de détails et de citations extraordinairement savantes du demi-libéral Maslov, notre théoricien prouve cette idée nouvelle que les paysans