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duits marchands. En outre, ajoutaient alors les bolchéviks, le prolétariat s’annexe tout le demi-prolétariat (tous les travailleurs et exploités), il neutralise la classe paysanne moyenne et jette à bas la bourgeoisie ; voilà en quoi consiste la révolution socialiste par opposition à la révolution démocratique-bourgeoise (voir ma brochure de 1905 : Deux tactiques, réimprimée dans le recueil : Douze années, Pétersbourg, 1907).

Kautsky prit une part indirecte à cette discussion en 1905, lorsque, interrogé par Plékhanov, alors menchévik, il se prononça à fond contre lui, ce qui provoqua alors les sarcasmes de la presse bolchéviste. Maintenant, Kautsky ne souffle plus mot des anciennes discussions (il craint d’être confondu par ses propres déclarations !) et il enlève ainsi au lecteur allemand toute possibilité de comprendre le fond de la question. M. Kautsky ne pouvait pas raconter aux ouvriers allemands, en 1918, qu’en 1905 il prônait l’alliance des ouvriers avec les paysans et non pas avec la bourgeoisie libérale, ni à quelles conditions il recommandait cette alliance, ni quel programme il avait en vue pour cette alliance.

Marchant ainsi à reculons, Kautsky, sous prétexte d’ « analyse économique », avec des phrases ronflantes sur le « matérialisme historique », se montre maintenant partisan de la subordination des ouvriers à la bourgeoisie, et rabâche à grands coups de citations de Maslov, les vieilles idées libérales des menchéviks ; avec ces citations, il prouve comme une chose nouvelle l’état retardataire de la Russie et, de cette idée nouvelle, il tire cette vieille conclusion que dans une révolution bourgeoise on ne saurait aller plus loin que la bourgeoisie ! Et cela, en dépit de tout ce qu’ont dit Marx et Engels, comparant la révolution