Page:Lébédeff - Abrégé de l’Histoire de Kazan, 1899.djvu/90

Cette page n’a pas encore été corrigée

rapprocher, de leur témoigner de l’affection. Aussi voit-on des villages entiers où les Tartares ne comprennent pas un mot de russe et considèrent les Russes avec le mépris qu’a toujours le Musulman pratiquant pour l’infidèle. Ils ont formé un gouvernement dans un gouvernement et vivent complètement séparés des Russes. Il ne suffit pas de conquérir un peuple ; il faut organiser la conquête, instruire le peuple et tâcher de se l’assimiler en le traitant avec bonté et équité. Où est le mérite pour celui qui adoptant un orphelin se contente de l’envoyer à la cuisine pour qu’il ne meure pas de faim ? N’est-il pas moralement obligatoire de cultiver son cœur et son intelligence et de ne point le priver de la possibilité de devenir un membre utile à la société ? Qui sait s’il ne se trouverait pas parmi les Tartares des gens de talent qui serviraient la patrie commune aussi bien que leurs frères russes ? Si on ne les à pas forcés à embrasser le christianisme, en revanche on n’a rien fait non plus pour les civiliser et augmenter leur bienêtre moral. Depuis quelques années on a défendu de faire venir des professeurs musulmans des pays étrangers. Grâce à là malveillance personnelle d’un censeur intransigeant ignorant l’arabe, et n’ayant qu’une connaissance superficielle du turc, on a accusé les Tartares de recevoir des livres turcs hostiles à la politique russe, ce qui est d’autant plus faux, que de pareils livres n’existent pas. Il est allé jusqu’à exiger que l’on efface les versets du Koran concernant le « Djihad » ou guerres religieuses, de tous les livres religieux imprimés en Russie ces dernières années, tels que ; le Fikh, le Téfsir etc. : autant vaudrait tronquer l’Évangile !