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Toutes ces écoles, grandes et petites, sont bâties et entretenues aux frais des riches Tartares, et, les élèves qui apprennent gratis, y deviennent des professeurs qui, eux aussi, enseignent gratuitement ; les Musulmans trouvent en effet que c’est un péché de se faire payer l’enseignement de la religion puisque cela revient à vendre les voies du salut. Jusqu’à présent on ne leur enseignait ni histoire, ni géographie ; depuis trois ou quatre ans on a introduit un enseignement très élémentaire de ces deux sciences. Ce programme d’enseignement ne satisfait point aux exigences de la civilisation actuelle européenne, que les Tartares contemporains commencent à désirer acquérir. Il est vrai qu’ils ont le droit d’entrer dans les gymnases et les universités russes, ainsi que dans tous les autres établissements d’éducation ; mais cela ne leur convient pas, puisqu’on n’y enseigne ni l’arabe, ni les sciences musulmanes qui sont obligatoires pour tout bon Musulman ; en même temps ils ont tant à étudier qu’il ne leur reste point de temps pour s’occuper chez eux. Le petit nombre de Tartares qui ont étudié dans les gymnases, ne connaissent pas du tout leur religion, et ne sont pour la plupart ni chrétiens, ni musulmans. Ce n’est donc point le fanatisme qui empêche les Tartares d’envoyer leurs enfants aux gymnases, mais les risques qu’ils courent de les voir oublier leur religion, c’est à dire qu’il doivent choisir de deux maux le moindre : conserver leur religion et rester ignorants de la civilisation européenne, ou acquérir cette civilisation au prix de la perte de leurs idées religieuses, de l’oubli de leurs devoirs et même de leur nationalité, sans y acquérir de principes moraux plus