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chameaux, singes et perroquets. Il n’existait aucune espèce de produits tartares locaux ; les femmes brodaient ; ou se bornaient à fabriquer les objets les plus ordinaires, nécessaires à la vie quotidienne ; mais aucune trace d’art n’en est restée. Les Khans, leurs femmes et les gens de leur cour (tous étrangers) étaient, sans doute, des gens instruits, mais cette instruction leur venait du dehors, car des savants arabes, persans et turcs avaient l’habitude de faire de longs séjours en Crimée et poussaient leurs voyages jusqu’à Boulgar et peut-être jusqu’à Kazan. Nous n’avons du reste de cela aucune preuve certaine, les voyageurs célèbres ne mentionnant Kazan qu’en passant, sans en donner la moindre description. Dans tous les cas s’il y a eu une civilisation quelconque, elle n’était que le partage d’un petit cercle d’élus. Le peuple était, comme il l’est encore, tout à fait inculte. L’Islam qu’ils ont accepté sans le comprendre, au lieu de les éclairer, n’a fait qu’apporter avec la fausse interprétation qu’ils en ont faite, différents usages créés par leur ignorance barbare et fanatique. C’est ainsi que les plus belles idées engendrent la tyrannie dans les esprits étroits : mais abusus non tollit usum et la religion musulmane, bien interprétée est certainement une des religions les plus raisonnables et les plus compatibles avec la civilisation moderne.

Les Russes, en subjuguant les Tartares, leur ont laissé la liberté de conscience, et ne les ont opprimés d’aucune manière ; mais, en revanche ils ne se sont pas souciés de les civiliser ou de les instruire, de sorte qu’il n’y a aucune différence entre le développement intellectuel du Tartare de 1552 et celui d’un Tartare du xixe siècle.