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le tour, les poursuivit jusque dans la forêt et les tailla en pièces. Presque tous ces braves sont tombés héroïquement sans demander grâce.

Kazan était entre les mains des Russes. Ainsi se termina le dernier acte de cette lutte plus que séculaire, qui laissa après elle une trace sanglante depuis les rives de la rivière Oka jusqu’aux anciennes murailles du kremlin de Kazan.


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La ville de Kazan présentait un triste aspect après le massacre qui dura du matin jusqu’à la nuit. On voyait partout les traces du feu, et par ci par là il s’échappait quelques flammes provenant des incendies mal éteints. La forteresse et toutes les portes qui y conduisaient étaient encombrées de cadavres entassés les uns sur les autres. Des corps morts jonchaient les rues et les bords de la Kazanka ; d’autres surnageaient sur la rivière, emportés par le courant jusqu’au Volga.

On ne pouvait songer à déblayer toute la ville. Pour permettre au Tzar d’y faire une entrée triomphale le 4 octobre, on reçut l’ordre d’enlever les corps morts et de nettoyer une partie de la forteresse et le chemin qui y mène, depuis la porte de Miraly. Au jour fixé le Tzar précédé de son confesseur portant une croix en mains, entra dans les murs presque démolis de la forteresse de Kazan, accompagné d’une suite brillante de boyards et de voïvodes. Le Tzar choisit l’endroit où serait élevée la cathédrale de l’« Annonciation de la Sainte Vierge ; » il planta de sa propre main une croix à l’endroit qu’occuperait l’autel. Ce même jour on construisit à la hâte