Page:Lébédeff - Abrégé de l’Histoire de Kazan, 1899.djvu/73

Cette page n’a pas encore été corrigée

tous sous les coups des Russes. Le palais du Khan était situé dans la partie septentrionale de la forteresse derrière les mosquées, où se trouve de nos jours le palais du gouverneur de Kazan. Le Khân Ediguère entouré de dix mille soldats, rassembla ses femmes et ses enfants et combattit vaillamment contre les Russes qui l’entourèrent. Soudain on entendit résonner le fer de la grande porte du palais, qui s’écroulait sous les coups des soldats russes.

Voyant tout espoir perdu, Ediguère sortit avec sa troupe par la porte du fond de son palais et se jeta par la pente de la montagne dans la partie inférieure de la ville ; mais là le chemin lui fut barré par le Prince Kourbsky ; il fut donc obligé de gravir encore une fois la montagne pour regagner la forteresse. Les chefs tartares montèrent sur la tour la plus rapprochée et exprimèrent le désir d’entrer en pourparlers avec les Russes.

« Nous étions décidés à mourir pour notre souverain, tant que nous possédions un royaume, » dirent-ils, « maintenant que Kazan est entre vos mains, nous vous confions notre souverain sain et sauf ; conduisez-le au près de votre Tzar et nous irons avec vous boire la dernière coupe d’amertume jusqu’à la lie. »

Puis ils se jetèrent de la montagne dans la ville basse avec l’intention d’attaquer le flanc droit des Russes qui occupait la rive opposée de la Kazanka ; mais ils furent repoussés et se portèrent sur la rive gauche de cette rivière, en la traversant à gué ; arrivés là, dans les prairies marécageuses, ils furent rattrapés par les Russes qui en détruisirent plus de la moitié. Le reste se sauva dans les forêts épaisses de l’autre côté des marais, qu’ils réussirent à traverser ; un détachement de cavalerie russe fit