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de confier un commandement aussi important à un homme qui, une première fois et dans les mêmes conditions, avait compromis le succès d’une expédition par son avidité ; ainsi la faiblesse de caractère et l’inadvertance engendrent parfois des actions plus coupables que le vice et la passion ne sauraient le faire.

Séfa-Guiray avait pris des mesures énergiques pour la défense de sa capitale : il rassembla une armée de Tchérémisses, de Nogaïs et de soldats d’Astrakhan ; il entoura la ville d’un rempart pointu en bois et d’un fossé profond et attendit les Russes. Avant le commencement de la grande bataille, il y eut quelques escarmouches entre les Russes et les Kazaniens. Dans la nuit du 16 juillet quelques jeunes chasseurs du régiment du prince Obolensky, remarquèrent de loin, grâce au clair de lune, que les gardes de la citadelle de Kazan étaient endormis. Ils rampèrent doucement jusqu’au mur, l’enduirent de résine et l’allumèrent ; après quoi ils revinrent avertir les voïvodes moscovites de ce qu’ils venaient de faire. La muraille s’enflamma. En ce moment les guerriers russes se mirent à assaillir la ville au son des fanfares et en poussant de grand cris. Ils se jetèrent dans la mêlée dans l’état, où ils se trouvaient : les uns à pied, les autres à cheval, habillés ou presque nus… et le combat s’engagea sans aucun ordre ; ils égorgeaient les Tartares et détruisaient tout par le glaive et par le feu. Les chroniqueurs assurent que 60000 Tartares périrent dans le carnage ; leur athlète célèbre, nomméé Atalyk, subit le même sort. Pendant ce temps, le Khan Séfa-Guiray se cachait dans le bourg d’Arsk.