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profiter de leur succès : ils laissèrent là l’ennemi qui se réfugia dans l’enceinte de la ville, et s’en retournèrent vers la foire, dont ils se mirent à piller les boutiques, s’adonnant à l’ivresse, tandis que leurs voïvodes se reposaient sous les tentes royales. Sur ces entrefaites, Mehmet-Emîne, qui suivaient tous les mouvements des Russes au champ d’Arsk du haut de la tour élevée de la ville, fit préparer ses soldats, et à l’aube, l’armée tartare fondit sur les Russes, fatigués par le pillage et encore endormis grâce aux amples libations de la veille. « Ils s’enfuirent », dit le chroniqueur, « comme un troupeau de moutons vers leurs bateaux, mais poursuivis par les Tartares furieux, ils furent massacrés et le champ d’Arsk, abreuvé de sang russe, fut recouvert de leurs cadavres…

Le Grand-Duc se disposait à venger ses voïvodes par une nouvelle expédition contre Kazan, lorsque Mehmet-Emîne, lui envoya une lettre, en laquelle il lui exprimait son repentir d’avoir violé son serment, et sa promesse de se reconnaître dorénavant le vassal et l’ami du Grand-Duc de Moscou. Il s’en suivit une série d’années tranquilles et pacifiques. Mehmet-Emîne eut enfin une maladie terrible ; tout son corps se couvrit de plaies remplies de vers. Effrayés par cette maladie de leur souverain, les Kazaniens prièrent le Grand-Duc de choisir d’avance pour son successeur Abdoul-Latîf, en promettant d’être toujours les fidèles vassaux de Moscou, et de ne jamais accepter de Khan, que de « la main du Grand-Duc de Moscou » ; le Grand-Duc y consentit, mais Abdoul-Latîf, nommé héritier du trône de Kazan, eut la malchance de mourir à Moscou en 1518. Mehmet-Emîne ne lui survécut pas longtemps ; sa vie agitée