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forma et grandit Kazan, la nouvelle Horde ». Les chroniques russes perdent sa trace durant cinq ans. On sait

    Une autre version de la même légende veut que la personne qui a protesté contre l’emplacement de la vieille ville de Kazan soit une jeune fille, qui en portant l’eau sur la colline, reprochât tout haut le fondateur de la ville pour l’emplacement choisi ; le Khan qui se promenait incognito, l’entendit et lui demanda son avis sur l’endroit qu’il aurait fallu choisir. Cette jeune fille était une sorcière ; elle rassembla tous les serpents dans un seul endroit par la force de ses enchantements, les y brûla, hormis un seul monstre ailé à douze têtes qui s’échappa du bûcher et s’envola bien loin à douze verstes de la ville, où il mourut des brûlures qu’il avait reçues.

    Il existe encore une troisième version qui dit que la belle fille du Khan, qui tomba en portant l’eau sur la colline, fut la première à s’en plaindre. Lorsque son beau père lui demanda qu’elle était le point qu’elle aurait choisi pour y construire une ville, elle lui conseilla d’envoyer des pêcheurs descendre la Kazanka en péchant du poisson aux deux rivages, et de construire la ville vis-à-vis de l’endroit où ils attraperaient un poisson doré. Ce poisson doré fut pris vis-à-vis d’une colline, où fut élevée plus tard la tour de Suyun-biké. Mais cet endroit fut trouvé impropre : d’un côté il était trop montagneux et de l’autre — marécageux. Alors la belle-fille du Khan prit la décision suivante : qu’il fallait construire la ville là, où un chaudron rempli d’eau, et enfoui dans la terre, se mettrait à bouillir sans feu (en tartare le chaudron s’appelle kazgan) ; le chaudron se mit à bouillir sur la montagne. Mais là il s’éleva un nouvel obstacle : il s’y trouvait une quantité de serpents. La princesse les fit brûler jusq’au dernier, sauf le serpent ailé qui poursuivit un chevalier de force athlétique jusqu’à un ravin, où celui-ci tomba et fut déchiré par le monstre en six parts ; ce serait à la suite de ce fait que ce ravin s’appelle jusqu’à présent en tartare « Alty koutor » ce qui signifie « six parts. »

    Le second motif de ces légendes, le sacrifice d’un être vivant en l’enterrant sous la première pierre d’une ville nouvellement bâtie, est un mythe très répandu dans les récits de construction