Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/52

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— 2 décembre. Un américain nous revient d’Allemagne. Voici quelques-unes de ses impressions :

De la première défaite russe, en Mazurie, des colonels allemands revinrent fous, deux se suicidèrent, d’avoir entendu les cris de milliers de Russes jetés aux étangs.

Ce massacre est l’œuvre du général d’Hindenbourg. Lorsqu’on vint lui demander de reprendre du service pour la guerre, il y mit comme condition de ne dépendre de personne.

Les Allemands sont sûrs de leur succès. Ils trouvent les Belges bêtes d’avoir résisté et blâment les Français de n’avoir pas fait alliance avec l’Allemagne après la prise d’Anvers. Seule, l’élite est effleurée d’un doute. Ils sont persuadés qu’ils ont été attaqués par leurs envieux voisins de l’Est et de l’Ouest. Ils admirent Joffre et les Français depuis la Marne, parce qu’ils estiment la force.

— Decori, secrétaire général de la Présidence, raconte qu’il a reçu une lettre du chansonnier Botrel : « Je fais une grande pièce de vers où je parle des yeux azurés de M. Poincaré. Au fond, de quelle couleur sont les yeux du président ? » Decori l’a adressé à Mme  Poincaré.

— Decori raconte aussi que récemment le Kaiser couche trois nuits à Bruxelles dans trois logis différents. La troisième nuit, il eut une crise d’otite et on appela un médecin bruxellois que l’on garda au gîte jusqu’au départ de l’empereur.

— Dîner avec Briand, l’amiral Aubert, Peixotto. Briand dit qu’on a eu tort de rayer de la Légion d’honneur tous les Allemands, qu’il y a moins d’atrocités qu’on ne le dit. Il raconte que des officiers allemands, pillant un château, ouvrent une porte,