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JUILLET 1916

victoire et la paix. » Et : « Cela va exciter les Allemands à prendre Verdun. »

— Le 5. À la deuxième séance du Comité secret sénatorial, parle Painlevé. Il a du succès. Au moment où il montait à la tribune, Briand, gai et goguenard, lui rappelant le temps où lui, Painlevé, était de l’opposition, lui dit : « Eh bien, vieux frère, c’est à votre tour d’être sur la sellette. »

— On colporte un mot du roi d’Espagne au chirurgien bordelais Moure, qui le soigne depuis longtemps : « Si les Français savaient ce que je sais de la situation intérieure de l’Allemagne, ils illumineraient. »

— Le dessinateur nationaliste Forain est camoufleur. Avec un physique de vieille femme molle et grasse, il arbore des uniformes héroïques. Et Pétain, qui le connaît, le voyant arriver ainsi travesti, l’aurait accueilli d’un : « Oh ! Si Forain te voyait ! »

— J’imagine Joffre et ses aides, ou Foch et ses aides, discutant sur la carte, jetant ici, là, des effectifs, pour enlever un bois, un moulin, une tranchée. Des effectifs ! Voilà ce que deviennent pour eux les hommes, leurs égaux. Et penser qu’ils peuvent en disposer avec insouciance, avec inconscience, comme de bêtes ! Ah ! Pauvre créature, tu as bien le sort que tu mérites, c’est-à-dire le sort que te vaut l’ignorance, l’inculture où on t’a laissée…

— Chiffre exagéré, mais rumeur symbolique : on admet que les Anglais ont perdu 35.000 hommes pour prendre le village de Montauban.

— La Presse du 6 juillet, sous la plume d’un reporter qui visite les tranchées de Picardie : « Voici les cadavres allemands : la laideur de la race s’exaspère dans la mort… » Et, à propos de peupliers, fauchés par les obus : « L’artillerie allemande, quand