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étant ambassadeur, a préparé la cassure avec l’Allemagne.

— Delcassé, le 6, a envoyé une dépêche à Athènes, disant qu’un précédent télégramme n’était pas de lui. C’est celui qui fut élaboré, lui présent, au Conseil, le 2 ou le 3. Il dit aussi qu’il laissera aux Affaires Étrangères la preuve de son désaccord avec le Gouvernement.

— Le 13, on interpelle le ministère sur la démission officielle de Delcassé. La confiance est votée par 372 voix contre 9, mais il y a 200 abstentions, dont 150 républicains. C’est la première fois depuis la guerre.

— Beaucoup de gens disent qu’en cas de victoire allemande cela ne vaudrait pas la peine de vivre, que chacun, dans sa sphère, ne pourrait plus réaliser les conditions du bonheur. Ces mêmes gens réalisent ces conditions de bonheur, cependant, sous une hégémonie bien plus terrible encore, celle de la mort… Ils apprécient un plat, s’échauffent en parlant de leurs entreprises, bref en continuant leurs affaires, leurs plaisirs et leurs amours.

— Le ministre d’État du Luxembourg, Eyschen, qui vient de mourir, avait vu, en fin 1914, notre ministre à Berne, M. Beau, pour lui parler d’une paix séparée, France-Allemagne. J’ignore si on en parla au Conseil.

— Même ignorance quant aux offres analogues de la Turquie. Pierre Loti persiste à dire que ses amis turcs, récemment encore, auraient offert d’entrer en conversation.

— La légende veut que le roi de Grèce ait reçu un coup de poignard de sa femme, sœur du kaiser et dont il est fort épris. Situation dramatique, celle d’un souverain pris entre son peuple et sa femme.