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tandis que le Gouvernement part pour Bordeaux, et qui prend sur lui d’ordonner l’offensive à Joffre, qui « laissait la parole au Gouvernement ».

Albert Thomas arrive à 2 heures. Il sort de la Commission sénatoriale de l’armée où on l’a fort houspillé. Il confirme la lettre de Joffre demandant du 340 dès octobre. À la fin de la séance, arrivèrent de mauvaises nouvelles d’Argonne, et on l’invite à sortir.

Pour l’emploi des obus incendiaires contre les moissons, on hésite. On envoie les obus André Lefèvre en Serbie. Quant à ceux qui sont chargés de phosphore blanc, leur emploi sur le Nord et la Belgique ferait peut-être un fâcheux effet moral et décèlerait le procédé aux Allemands. On a peu d’acide prussique. L’Allemagne était le grand fournisseur. Il faut tout improviser.

— Le 16 juillet. (Du Conseil.) On a condamné en conseil de guerre trois officiers allemands pour avoir volé, au moment de la Marne, je crois, une charrette… L’un d’eux est devenu fou. L’Allemagne proteste contre ce jugement. En représailles, elle a mis en cellule cinq officiers français, dont le fils Delcassé. On est fort embarrassé de la suite à donner à l’incident. Faudra-t-il casser le jugement ? Humiliation. S’obstinera-t-on ? Quel nouveau tremplin pour l’ennemi personnel de Guillaume II !

— Viviani, nerveux, se plaint qu’on lui envoie chaque soir un officier du G. Q. G. qui lui dit : « Ça va bien, ça va très bien. Soyez tranquille, M. le Président… » Il s’écrie : « J’en ai assez ! Je n’en veux plus, j’en ai assez ! »

— Le 16. Le général Lyautey, résident général au Maroc, vient voir des amis algériens. Il dit la manie paperassière, le goût de l’attaque réglée d’avance,