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« M. Bourassa ne jouera pas, qu’on en soit certain. LE RÔLE DE GOBE-MOUCHES ET D’ATTRAPPE-NIGAUDS. »

Comme les conservateurs ou les nationalistes sont les seuls qui songent à inclure le nom sacro-saint de M. Bourassa dans la liste de leurs orateurs, la pointe me paraît dirigée de leur côté. Mais où, en particulier ? Troublant mystère, que seul un sage et un financier comme M. Lepage pourrait sans doute élucider.

Et puis, il y a le dernier mot qui ne manque pas de piquant :

Si M. Bourassa refuse de jouer le rôle D’ATTRAPPE-NIGAUDS en se multipliant aux assemblées conservatrices, c’est sans doute qu’il considère comme des « nigauds » les naïfs qui iraient à ces assemblées.

Peut-être n’y a-t-il là qu’une nouvelle erreur typographique.

Faudra le demander à M. Bourassa LUI-MÊME !  !  !

GRAINDORGE.


L’HOMME


« Pour s’assurer du concours et de la présence de M. Bourassa, il faut s’adresser à LUI-MÊME… Mais lorsqu’on se servira de son nom sans son consentement, il dénoncera la supercherie. QUELLES QU’EN SOIENT LES CONSÉQUENCES pour les auteurs ».
( « Le Devoir », 3 août 1911)


LUI : — Pour m’avoir aux expositions agricoles, il faut s’adresser à MOI-MÊME.


LA BOURASSAMANIE


Cette maladie toute contemporaine doit son nom au premier individu qui en fut frappé, et dont il mourut quelque temps après la Conférence Impériale de 1911.

Excessivement virulente, elle n’affecte cependant que les rebutés du pouvoir, que les déçus, les ambitieux, les jaloux et les farceurs politiques ; c’est une folie des grandeurs, dégénérant vite en démence.

Les symptômes du début sont des lavergneries assez anodines, suivies de tancrédisme et bientôt d’omerhérouisme.

Les malades ont des appétits pervertis, des penchants au milettisme, voient bientôt partout où ils passent des couleurs francs-maçonnes, des étincelles décoratives, des Rainbow et des Niobe, ont peur de tout homme qui les surpasse, sentent le pire pour le mieux, divaguent sur les maux de l’émigration et des contributions aux frais de la vie commune, ont cependant la conscience de vouloir vivre pour les autres tout en agissant au contraire, et s’étiolent vitement à la pensée qui les hante d’apercevoir sans cesse un portrait de Wilfrid Laurier devant eux.

La fièvre des foules s’empare alors d’eux Rouges de combativité et d’ardeur, ils convoquent des assemblées où ils parlent, l’écume à la bouche, les yeux hagards et les cheveux hérissés sur la tête.

Ils accusent, ils attaquent, ils pourchassent, ils frappent, ils crient, ils chantent, ils dansent. On se demande de nos jours, comment il se peut trouver des gens qui font parade extérieure de tant de sentiments contraires sans être un danger pour la Société.

La tribune ne leur suffit pas et ils vont faire jusque dans le journalisme, le long d’un pont qu’ils désignent pour l’emploi des autres, mais qu’ils ne peuvent s’empêcher, par lâcheté, de remplir de la crotte ou du crottin d’un contaminé ou d’un moribond.

Puis arrive la Monkucité qui signifie l’aveuglement, la cessation de la vision des choses politiques surtout, l’apparition des ténèbres dans l’intelligence des événements de la vie pour tous ; Enfin, ils se sentent isolés, ils s’agitent, lèvent la patte sur les inscriptions des bureaux de poste où ils passent et vont s’abattre sans bruit dans l’ombre, lorsqu’ils, ont épuisé toute leur énergie, leurs talents, leur argent, leur temps et leur bave.

La mort n’entraîne pas la décomposition chez eux. Sans qu’ils reviennent à la vie on constate qu’ils demeurent bleus.

Le pronostic, comme on le voit est toujours grave, car à proprement parler, il n’est guère que l’électorat qui puisse pour un moment enrayer les progrès de la maladie, en faisant disparaître les malades.

On a conseillé la graisse Foster, le liniment Borden, le sermon de Sproule, le salpêtre de Sam Hughes, pour les guérir ; malheureusement, jusqu’ici, il n’y a guère que l’huile de castor qui puisse soulager ces malades.

HIPPOCRATE.


L’HOMME QUI RIT


M. Bourassa raconte aux assemblées canadiennes-françaises que c’est à contrecœur qu’il combat M. Laurier, qu’il serait aussi sensible que tout le monde au succès de notre grand compatriote si M. Laurier avait un autre programme. Ce fameux comédien sait même avoir des larmes dans les yeux pour faire croire que c’est uniquement pour sauver la Patrie qu’il veut renverser Laurier ! Mais, quand ses gestes de comédie ont soulevé des applaudissements qui lui font espérer qu’il vient de faire quelque chose contre M. Laurier, il rit. Par tous les moyens, c’est le même but qu’il poursuit : renverser Laurier !

Cet homme n’a cependant rien fait. Qu’a t-il fait durant tout son terme de député ? A-t-il proposé un seul bill ; a-t-il attaché son nom à un seul article de loi ; a-t-il fait adopter le moindre amendement à notre législation. Enfin, a-t-il fait quelque chose d’utile que le parti libéral, SON PARTI, était au pouvoir ?

Tout son talent est tourné en feu d’artifice. Il n’a rien fait ; il ne fera jamais rien.

Pourquoi ?

Regardez-le, Il rit.