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cherez, vous aussi, pour l’avenir de notre parlement sur les traces de votre émule, M. André Siegfried, si j’osais vous donner un conseil et vous faire savoir ce qui est demandé actuellement sur le marché politique, je vous dirais : « JE CROIS QU’IL Y A OFFRE POUR DES BOURASSA, MAIS QU’IL Y A DEMANDE POUR QUELQUES LAURIER. »

Il est à remarquer que M. Denys Cochin est un des fervents de la « Gazette de France » et de la « Libre Parole » où M. Bourassa, durant son séjour en France, répandit à foison son propre éloge.

Il est bien évident qu’en France où l’on se connait en homme, on l’a pesé à sa juste valeur, en dépit de ses immenses vantardises et probablement à cause de ses tartarinades.

On offre des Bourassa à bon marché.

Mais les hauts prix, on les réserve pour les Lauriers.


LA PROVINCE DE QUÉBEC


Les deux chefs jouent ensemble une partie de poker.
BORDEN. — Paire de valets !
SIR WILFRID. — Straight flush ! ! !


Un chef-d’œuvre de cocasserie

L’AVIS CLAIR ET PRÉCIS DU « DEVOIR »

Le « Devoir » organe de M. Bourassa a publié le premier jour de la campagne électorale un « Avis clair et précis » qui est une merveille de cocasserie. Il vaut la peine de le relire ligne à ligne :

« Certains organisateurs, TROP ZÉLES OU TROP HABILES mettent parfois le nom de M. Bourassa À L’AFFICHE, dans leurs convocations d’assemblées, sans avoir pris le temps de lui demander son avis ».

Tout comme un impressario trop ardent annonce, avant d’avoir conclu l’engagement, la danseuse ou le clown à la mode. Il leur en faut découdre ; car, continue le « Devoir »

« Pour SE TIRER D’EMBARRAS ENSUITE, ils disent que M. Bourassa avait promis son concours mais qu’il n’a pu venir pour divers motifs PLUS OU MOINS PLAUSIBLES ».

C’est vraiment de l’indélicatesse. Mais il y en a qui poussent encore plus loin l’oubli de toute convenance. Voyez plutôt :

« D’autres ont la NAÏVETE ou L’IMPERTINENCE d’écrire que M. Bourassa prendra part à toutes les assemblées « qu’on exigera de lui ».

Est-il possible qu’il soit sur terre de si vilaines gens ? En quel siècle vivons-nous, grands dieux !

Mais poursuivons :

« Afin de dissiper tout malentendu, nous réitérons, EN L’ACCENTUANT la note que nous avons publiée lundi, et qui, par suite d’un défaut de typographe était presque incompréhensible. »

Les typographes excusent tout. Du reste voici cette note ACCENTUÉE :

« À PARTIR de L’ASSEMBLEE DE TROIS-RIVIÈRES, M. Bourassa ne prendra part à aucune manifestation, sauf pour appuyer des candidats indépendants, s’engageant à défendre envers et contre tous, ET QUEL QUE SOIT LE PARTI AU POUVOIR, LES PRINCIPES ÉNONCÉS EN COMMUN par M. Monk et M. Bourassa.

Ce qui implique, que jusqu’à l’assemblée de Trois-Rivières, M. Bourassa ne s’est pas particulièrement limité aux candidats indépendants. « Quelque soit le parti » est très-réussi : on a soin de stipuler, une ligne plus bas, que ce parti doit tout de même être celui de M. Monk et de M. Bourassa. Enfin, « les principes énoncés EN COMMUN » par ces deux énergumènes n’ont tout de même rien de « commun » avec la réciprocité, sur laquelle ils ne s’entendent pas : il est vrai, ce n’est là qu’une question secondaire.

Mais voici la perle :

« Pour s’assurer de la présence et du concours de M. Bourassa, il faut s’adresser À LUI-MÊME. »

À LUI-MEME (!!!) Tout est là ! MOI, MOI seul et encore MOI !

Vient le paragraphe mélodramatique :

« Lorsque M. Bourassa aura promis son concours, il le donnera, (c’est fort honnête !) à moins d’obstacles infranchissables ou de trahison de l’autre côté, (ou encore de mort subite.) Du reste, ses services sont gratuits — M Bourassa ne fréquentant pas les mêmes milieux sociaux que certains ministres, jadis tarifés à tant par discours, et restant l’homme peu pratique dont s’accommodent mal certains sages et certains financiers. »

Par contre, M. Lepage s’accommode très bien de cet homme peu pratique.

Puis, voilà que cela devient terrible :

« Mais lorsqu’ON SE SERVIRA DE SON NOM SANS SON CONSENTEMENT, il dénoncera la supercherie, QUELLES QU’EN SOIENT LES CONSÉQUENCES pour les auteurs. »

Brrr ! On ne prend pas le nom de M. Bourassa en vain, non plus que celui de la divinité. Mais aussi, à quels châtiments s’exposent les coupables. Non, tout de même ! un peu de pitié pour ces pauvres gens ; il ne comprennent peut-être pas toute l’étendue de leur audace.

Enfin cela se termine par un avertissement un peu vague, pour la conclusion d’un avis qui se pique d’être « clair et précis ».