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tion » d’hier, sans que d’ailleurs, nous nous rendions solidaires d’aucune des idées de l’ancien directeur du « Nationaliste » devenu le collaborateur de M. Jules Fournier, après avoir passé comme plusieurs autres à la rédaction du « Devoir ».

Voici :

« La loi réclamée par “Metcalfe street” aurait pour effet, sinon d’empêcher, au moins d’entraver, les opérations de ce genre. Comment expliquer qu’elle n’ait pas encore été proposée dans nos parlements ? Il nous souvient d’un ou deux discours où M. Bourassa en réclamait l’adoption, MAIS SUR CE POINT, COMME SUR BEAUCOUP D’AUTRES, M. BOURASSA S’EST IMAGINÉ QUE TOUTE LA TACTIQUE PARLEMENTAIRE ET TOUT L’ART DE LA POLITIQUE SE RÉSUMENT AUX DISCOURS[1].

Et voilà pourquoi, contrairement à ce qu’ont pu faire les trois personnages dont nous évoquions tout-à-l’heure la mémoire, M. Bourassa ne réussira jamais à être une puissance politique et pourquoi ses entreprises seront toujours stériles.


M. BOURASSA AUX RAYONS X


BAPTISTE — Ton cœur est ben mal placé, pis ben p’tit, mon garçon ; mais, par exemple, t’en as un fiel pas pour rire !


M. BOURASSA JUGÉ EN FRANCE.


L’excellente revue « Franco-Amérique », livraison de mars, a apporté le compte-rendu d’une conférence de M. André Siegfried, dont les études précédentes sur le Canada ont été si remarquées, où l’éminent professeur à l’École des Sciences politiques de Paris, étudie le problème de l’impérialisme au Canada.

Il divise son étude en trois parties : l’impérialisme économique ; l’impérialisme militaire et l’impérialisme politique.

En traitant de l’impérialisme militaire, M. Siegfried est amené naturellement à parler de la politique navale de Sir Wilfrid Laurier.

Il définit parfaitement les trois politiques : celle de Sir Wilfrid Laurier, celle de M. Borden et celle des nationalistes.

Analysant celle de Sir Wilfrid Laurier, M. Siegfried se demande s’il y a dans cette attitude, un manque de loyalisme ; il ne le croit pas et il ajoute :

« MAIS ON Y DISCERNE CET AMOUR PROFOND DE L’AUTONOMIE QUI EST DANS LE CŒUR DE TOUS LES CANADIENS. QUELS QU’ILS SOIENT.

« UNE TELLE POLITIQUE, FAITE DE MODÉRATION ET D’ÉQUILIBRE, DEVAIT NÉCESSAIREMENT ÊTRE ATTAQUÉE DE TOUS LES COTÉS À LA fois. »

Puis il résume la politique Borden et la politique Bourassa, donnant à cette dernière son ineffaçable couleur d’appel à la race canadienne-française. Il retrace les arguments de M. Bourassa, montrant les fils des Canadiens entraînés dans des guerres lointaines, où ils iront mourir sur des champs de bataille sanglants, etc… « ce langage exalté, dit-il, produisait une vive impression. »

Mais M. Siegfried sait faire la part de l’esprit de parti et il se demande, au fond :

« Si M. Borden était premier ministre, serait-il moins soucieux que Sir Wilfrid Laurier de l’autonomie canadienne ? Et, en cas de guerre impériale, menaçant la sécurité de l’Empire, peut-on sérieusement penser que M. Bourassa se joindrait aux ennemis de l’Angleterre ? Je crois, quant à moi, que le premier ministre du Dominion, qu’il s’appelle Laurier, Borden, ou (par impossible) Bourassa, ne peut avoir qu’une attitude : celle qui consiste à préserver une autonomie nécessaire, tout en participant loyalement à la défense de l’Empire, quand il est vraiment menacé. Il peut y avoir des nuances de langage diverses. Mais cette base-là subsiste toujours et il n’est au pouvoir de personne — du moins pour le moment — de la changer. »

La question de la marine étant désormais réglée au Canada, nous ne songeons point à en rouvrir la discussion, mais nous croyons intéresser nos lecteurs, en leur présentant ces extraits à titre de documentation.

À ce même titre également, nous ajouterons quelques mots extraits d’une allocution du grand député catholique de Paris, le baron Denys Cochin, récemment élu académicien, qui assistait à la conférence de M. Siegfried, et l’a commentée brièvement. Après avoir félicité M. Siegfried de la belle ordonnance de sa conférence, M. Denys Cochin a dit :

« Quelle grande question et quelle question ardue que celle de l’impérialisme dans un empire, fait d’une réunion de grandes nations pour lesquelles on ne peut plus guère parler de dépendance envers la mère-patrie : mais pour lesquelles l’orateur a trouvé ce mot si heureux d’interdépendance.

« J’ai été frappé en particulier de la partie purement politique de ce discours et de la sagesse avec laquelle a été appréciée, DEVANT LA FOUGUE DU PATRIOTE BOURASSA. LA PROFONDE RAISON DE L’ÉMINENT HOMME D’ÉTAT LAURIER. »

Et s’adressant à l’auditoire : « Quant à vous, si vous me permettez d’émettre un vœu, quant à vous, jeunes gens qui mar-

  1. « Le lecteur ajoutera, s’il le veut : et aux rétractations. »