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du culte et de l’adoration, aux mêmes heures de la vie, de l’Être infini auquel il croit comme à la source de toute justice, de toute grandeur et de toute charité.

« Une telle loi, parce qu’elle se rapporte au culte, parce qu’elle touche conséquemment aux replis les plus cachés, aux fibres les plus intimes de l’âme, aux droits les plus sacrés de l’individu, aux manifestations les plus respectables de la famille, et en déduction dernière, aux droits civils, se rapportant à la personne et aux institutions locales, est-elle nécessairement exclusive de toute législation fédérale pour n’être que du ressort de la juridiction provinciale ? Tout ce que nous venons de dire devrait à notre sens, démontrer le contraire et il serait d’un rigorisme extrême, d’une étroitesse de vue excessive, de prétendre que l’autorité fédérale n’aurait pas le droit de proclamer un jour d’action de grâce par semaine à être observé par tous les habitants du Canada sous le prétexte qu’une province, lors de la constitution du pacte fédéral, s’est réservé le pouvoir exclusif de légiférer sur les matières de droit civil, de la propriété et les objets généralement d’ordre local. »

(Signé) : G. A. NANTEL.

Et M. Nantel avait jugé juste.

Avant que se fussent écoulés quelques mois, les gens qui désespérèrent et crièrent à l’agonie et à la désolation, en écoutant les tortures imaginaires que leur signalait M. Bourassa sur le Champ de Mars — les gens sincères et non les agitateurs populaires — s’étonnèrent d’avoir pu s’étonner si inconsidérément : ils furent les premiers à rire des épouvantes chimériques qu’on leur insufflait alors.

Cette loi si décriée au début a rendu d’énormes services aux ouvriers et aux employés dans la province de Québec.

La mise en application du principe a produit des résultats économiques et ruraux d’une portée considérable.

Partout, en effet, où ce principe du repos dominical est sauvegardé par la loi, nous constatons que la conséquence immédiate a été de faire appliquer la cessation du travail le samedi après-midi, dans la mesure la plus large possible : de réduire au strict minimum la durée de la journée de travail ; et souvent même de provoquer la cessation du travail, certaine après-midi dans la semaine.

Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour saisir les raisons de ces faits.

Les distractions, les plaisirs, relâche de l’esprit et du corps, sont choses nécessaires et il faut bien qu’on y pourvoie.

La loi votée par la Chambre des Communes a été le premier pas dans la voie des améliorations économiques pour la population travaillante de notre province.

Il y a cinq ans à peine que la loi est passée et les ouvriers rient des inquiétudes qu’on a voulu faire naître chez eux et se réjouissent des conséquences économiques qui découlent de la loi.


LES PETITS BATEAUX


BAPTISTE — J’vous comprends pas vous autres ! Pour des gens qui sont tant contre la marine, c’est curieux comme vous cherchez toujours à nous MONTER DES BATEAUX !


M. BOURASSA DIPLOMATE, REPU, SALARIÉ.


M. Bourassa n’a que mépris et insultes pour ses adversaires, lorsqu’ils reçoivent de légitimes honoraires pour les services qu’ils rendent au gouvernement et de raisonnables compensations pour les travaux qu’ils exécutent ou les charges qu’ils remplissent

À son avis, ce sont des REPUS, des SALARIÉS, etc., etc.

Il leur reproche les fonctions dont ils ont été chargés, et surtout il jalouse leurs succès.

Et cependant M. Bourassa, à ses débuts, se complaisait dans l’ombre du premier ministre, suivait son sillage et ATTENDAIT QUELQUE CHOSE DE BON.

En attendant, la grosse prise, il se contentait de ce qui se présentait.

FAUTE DE GRIVES, IL MANGEAIT DES MERLES.

C’est ainsi qu’en 1898, il accepta d’être secrétaire de la Commission Internationale mixte, chargée de discuter avec les États-Unis les questions en litige entre le Canada et la République Américaine.

Naturellement, ce rôle, dans une commission dont les parties essentielles étaient la Grande-Bretagne et les États-Unis et où nous n’avions pas encore la latitude que possède actuellement le Canada pour la négociation de ses traités était PUREMENT ACCESSOIRE.

Tout le travail fut fait par les secrétaires des deux nations officiellement contractantes et M. Bourassa remplissait ce que l’on appelle en terme de théâtre d’emploi de GRANDE INUTILITÉ.

Mais il se fit payer tout de même, comme on va le voir.

Voici la déclaration faite par M. Bourassa, dans son discours à la Chambre des Communes, le 1er mai 1900, (Débats, page 4342) :

Tant que j’ai agi en qualité de secrétaire conjoint nommé en vertu de la même commission et dans les mêmes conditions que les secrétaires anglais et américains, je n’ai jamais supposé un seul instant que le gouvernement eût quelque chose à voir l’auditeur généses.

(C’est ce qu’on appelle l’œil fermé et la main ouverte.)

Des avances d’argent me furent faites par le trésorier du gouvernement canadien dans la commission, M. Joseph Pope et j’ai tenu un état de mes dépenses mais je n’ai PAS CONSERVÉ DE COMPTES SPÉCIAUX ET DÉTAILLÉS, NI DE PIÈCES JUSTIFICATIVES.

Vous voyez que M. Bourassa ne garde