Page:L'œil ouvert ! - Bourassa et l'Anti-Laurierisme, 1911.djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

JE FAIS DES VŒUX POUR QU’ELLE SOIT VOTÉE PAR LE PARLEMENT.

Quand vous viendrez à Montréal, je serai heureux d’en causer avec vous.

Agréez, Monsieur le Ministre, l’assurance de mes sentiments très sincèrement dévoués.

PAUL, Archevèque de Montréal.

M. Bourassa dans son petit intérêt, travestissait purement et simplement la vérité pour servir ses fins.

Aujourd’hui, il est plus prudent. Il emploi ses salariés du « Devoir » à faire cette besogne et leur confie la mission de salir la réputation de Sir. W. Laurier en le représentant comme l’OGRE DU FANATISME ANGLAIS ET LE TYRAN DE LA MINORITÉ CANADIENNE.

Il l’accuse d’avoir présenté cette loi pour persécuter ses compatriotes.

À l’égard de cette loi du dimanche, il n’est pas hors de propos de citer l’article suivant écrit alors pour l’ALBUM UNIVERSEL de Montréal par feu Guillaume Alphonse Nantel, ancien député de Terrebonne, dont le canadianisme et le catholicisme ne seront pas mis en doute par M. Bourassa.

C’était M. Nantel qui relevait alors les insanités débitées par M. Bourassa sur les tréteaux du Champs de Mars.

Maintenant, c’est le frère de l’hon. M. Nantel, c’est M. W. B. Nantel son successeur dans Terrebonne qui se fait le thuriféraire abject de M. Bourassa et qui se pâme quand le « Devoir » démolit les assertions de son frère défunt.

Mais cela, c’est de l’INDÉPENDANCE.

Voici l’article de M. G. Nantel, Conservateur-Catholique et Canadien-français :

« Ce n’est pas à nous Canadiens-français qui avons imposé la confédération pour nous-mêmes contre le sentiment anglo-saxon dominant en Amérique Britannique du Nord, à miner, à la moindre occasion et sous le plus pauvre prétexte l’édifice que nous avens élevé de nos mains. Ses bases sont assez profondes, ses murs d’enceinte assez solides pour mettre à l’abri de toute atteinte sous sa vaste coupole, la vie, les libertés et le bonheur des premiers ouvriers qui l’ont édifié pour eux-mêmes, sans doute, mais aussi pour les populations nouvelles qui y chercheraient refuge de tous les coins de l’univers.

« Devons-nous, Canadiens-français et catholiques, abandonner ce temple où sous tant de rapports politiques, sociaux et même religieux, nous pouvons vivre de la vie commune, pour nous cantonner dans quelque chapelle latérale, où nous vivrons de la vie isolée, crainte d’une promiscuité qui ne peut être dangereuse que pour des faibles et des impuissants.

« C’est en effet le propre des faibles et des impuissants, individus ou nations, de fuir le contact des êtres vigoureux par crainte d’être broyés sous la force ou au moins de se voir contraints à une lutte pour laquelle ils ne sentent que mollesse et pusillanimité.

« Le Dominion du Canada est un pays chrétien, pris dans son ensemble et rien, il nous semble, ne devrait s’opposer à ce qu’une loi générale consacrât à Dieu un jour de la semaine, qui fût le même par tout le territoire et observé, dans les grandes lignes, avec le même respect et la même reconnaissance que la loi divine, comme celle du repos du septième jour commandé à l’homme.

« Un des traits qui honorent le plus la grande république d’à côté, ce sont ses jours d’action de grâce, institués pour reconnaître l’existence du Très Haut et lui marquer, par un geste de toute la nation, la reconnaissance que le peuple américain lui doit pour tous les bienfaits de l’année.

« Les séances du Congrès américain qui légifère sur l’un des plus puissants pays du monde, s’ouvrent et se ferment en invoquant le Dieu des chrétiens quoique beaucoup d’Américains ne le soient pas, mais c’est là l’acte d’affirmation en une croyance religieuse une qui doit être comme à la base de toute unité nationale ; c’est là comme un avis aux dissidents que l’État américain veut être un, dans sa vie nationale et que l’un des gages les plus précieux, si non le premier gage de cette unité politique, c’est l’unité dans l’hommage au même Dieu des chrétiens.

« Une loi du dimanche, une loi planant au-dessus de tous les groupes d’allégeance canadienne est un acte de foi religieuse et nationale en même temps ; c’est aussi, dans notre cas, un acte d’affirmation chrétienne et un avis, à ceux qui ne partagent pas la croyance générale de se mettre bien dans l’esprit que le peuple canadien est un peuple chrétien, obéissant au commandement de Dieu, qui ordonne l’observance du dimanche et que tout le monde doit respect et fidélité à cette loi du pays.

« Il n’y a pas que des chrétiens dans ce pays, mais il y a des incroyants et des athéïstes et il y a des croyants dans des objets de culte païen.

« Il est de toute sagesse de donner par une loi positive une sanction à la loi de conscience qui oblige tous les chrétiens du Canada à l’observance du jour du Seigneur.

« Nous ne voyons là rien d’irrespectueux envers la divinité ; ce n’est pas le lieu de crier « foris canes », et « aux profanes les choses profanes ».

« Un peuple qui consacre, avec une sanction pénale positive, l’observance du dimanche est un peuple qui se grandit, de toutes manières, en s’unifiant surtout dans les choses les plus intimes de l’âme qui sont celles