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font à la religion de semblables incartades, que nous faisons ces réflexions, et c’est au nom d’un grand nombre de catholiques qui en gémissent, que nous jetons ce cri d’alarme : Sentinelles de la morale et des intérêts religieux de ce pays, gare à l’orage. Votre fétiche passera comme un météore qui éblouit pendant quelques minutes, mais qui ne laisse aucune trace de son passage, si ce n’est quelques pierres arides et informes sur le sol.


SAUTE MARQUIS


SIGNOR BORDEN : Mon petit monkey, pendant que je joue mon air impérialiste, tu vas amuser ces bons nationalistes, hein ?

L’ŒUVRE CASTOR.


Les Canadiens-français ont raison de se féliciter des triomphes éclatants remportés par leur nationalité depuis quelques mois. Depuis que les Castors ont pris sous leur protection spéciale le trône et l’autel, nos succès, comme race, ne se comptent plus : ils sont légion.

Les drapeaux Carillon-Sacré-Cœur voudraient supplanter le tricolore.

Dollard des Ormeaux qui avait pourtant résisté aux Iroquois, est tombé captif entre les mains des Nationalistes, qui se sont mis en mesure de l’exploiter.

À Verchères, on a fait une manifestation pseudo-patriotique autour d’une enseigne postale, que l’on a glorieusement secouée sur ses pentures.

Dans Drummond et Arthabaska, pendant que les mères affolées cachaient sous leurs tabliers les enfants menacés d’une conscription imaginaire, Gilbert était élu au chant du « Veni Creator ».

Au Congrès Eucharistique, en présence de milliers d’étrangers — clergé et laïques — sous les voûtes sacrées de Notre-Dame, M. Bourassa « tançait » l’archevêque de Westminster, Mgr. Bourne.

Le distingué directeur du « Devoir » ne s’est pas arrêté là. Aux applaudissements des crétins, pendant qu’une main mystérieuse versait quelques milliers de dollars au capital-actions de la feuille sacro-sainte, il annonçait triomphalement que le premier ministre du Canada finirait dans la… « crotte ».

L’« Action Sociale », elle aussi, a cru devoir comparer Sir Wilfrid à « un bas de soie rempli de… » ? ( textuel.)

Pour rendre plus « spirituelle » la lecture du « Devoir » et raffermir la foi chancelante des Canadiens-français, Goldwin Smith a été cité comme modèle de tolérance et de patriotisme.

À la suite d’une campagne échevelée, mais éminemment patriotique, menée par la « bonne presse », les écoles bilingues de l’Ontario ont failli sombrer.

Nous avons perdu le siège d’Ottawa, grâce à la diplomatie Castor. Mais ce que nous avons perdu à Ottawa, nous l’avons repris à Montréal, par la brillante affaire des franc-maçons.

Nos hommes publics, à Ottawa, à Québec, ont tous été déclarés des vendus ou des idiots. L’on a fait un recensement des forces catholiques dans le Canada français et les seuls catholiques, les vrais, les purs, les intégristes enfin, ce sont les Castors. Les libéraux, eux, sont tous voués aux flammes éternelles.

Il a été statué, décrété que nous pouvions ainsi nous entredévorer, nous, de la minorité, puisque les intérêts de la religion et de la patrie le commandent.

On ne s’en est pas tenu là.

L’ardeur a porté chez nos voisins. Et, dans le Maine, plusieurs compatriotes ont été excommuniés par la « camorilla » irlandaise, avec la satisfaction de s’entendre dire par le jeune Tardivel qu’ils peuvent toujours en appeler à Rome.

En vérité, il fait bon vivre en pays Castor.

La religion, la nationalité y font d’immenses progrès et l’Europe elle-même nous envie !

La perfide Albion tremble de voir ses enseignes postales arrachées de leurs pentures.

L’Irlande sourit de voir son drapeau vert flotter au haut du mât de l’hôtel-de-ville de Montréal.

La France voit les siens réunis autour du Carillon-Castor.

Enfin, Rome, où notre influence a dû grandir par l’écho de toutes ces luttes intestines, se félicite de la paix et de la bonne entente que maintient dans la province de Québec, le bataillon des Castors.


Les Nationalistes Abandonnent leur Chef.

M. BOURASSA UN IDÉALISTE.


Le public s’amuse beaucoup de ce temps-ci en constatant le désarroi, le sauve qui peut qui se produit dans le camp de nos bons nationalistes. Il y a un malaise général qui court dans les rangs des adeptes de la cause castor-bourassiste ; les lieutenants du grand chef désertent le drapeau, après s’être bien convaincus que les doctrines extravagantes et les théories sonores de M. Bourassa, ne sont, après tout, qu’une futile fantasmagorie et les vaines élucubrations d’un idéaliste. On s’est laissé séduire pendant quelque temps, par le brio, le clinquant et le leurre des discours du tribun rageur, mais on ne veut plus prendre ses hâbleries au sérieux, ni subir plus longtemps sa férule de magister grincheux. C’est dû moins ce que disent ceux qui ont secoué le joug pesant