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IV

Telle fut l’histoire qui se passa dans la capitale du nord de notre vaste empire ! Maintenant, tout bien pesé, nous nous apercevons qu’elle offre beaucoup de côtés invraisemblables. Sans parler du fait vraiment étrange de la fuite miraculeuse du nez, et de sa présence en différents endroits sous l’aspect d’un conseiller d’État. Comment Kovaliov ne comprit-il pas qu’on ne pouvait décemment publier une annonce sur un nez perdu ? Non que je veuille dire par là qu’il lui aurait fallu la payer beaucoup trop cher ; cela, c’est une bagatelle, et je ne suis pas du tout du nombre des gens cupides. Mais ce n’est pas convenable, cela ne se fait pas, ce n’est pas bien. Et puis encore… comment le nez s’était-il trouvé dans le pain cuit et comment Ivan Iakovlievitch lui-même… non, cela, je ne le comprends pas du tout ! Mais ce qui est le plus étrange et le plus incompréhensible, c’est que les auteurs puissent choisir des sujets pareils pour leurs récits. Cela, je l’avoue, est tout à fait inconcevable ; cela, vraiment… non, non, cela me dépasse. En premier lieu, il n’en résulte aucun bien pour la patrie et en second lieu… mais en second lieu également, il n’en résulte non plus aucun mal. C’est tout simplement un je-ne-sais-quoi.