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seul la nourriture de plus de 7.000.000 d'habitants.

Durant le même temps, la surface cultivée en orge, avoine, haricots, et autres cultures de printemps fut également réduite de 225.000 hectares, ce qui, en ne comptant qu'une moyenne de 22 hectolitres par hectare, aurait représenté, tout au moins, les céréales nécessaires pour compléter la ration de froment des 7.000.000 d'habitants précités.

On pourrait donc dire que si le Royaume-Uni importa en 1887 des céréales pour 17.000.000 d'habitants au lieu d'en importer pour 10.000.000, comme en 1860, c'est simplement parce que 900.000 hectares furent retirés à la culture[1].

Ces faits sont bien connus ; mais on y répond ordinairement que le caractère de l'agriculture s'est modifié ; que, au lieu de cultiver le froment, on produit en Angleterre de la viande de boucherie et du lait. Cependant les chiffres de 1887, comparés à ceux de 1860, montrent la même

  1. Surface moyenne cultivée en froment en 1853-60 : 1.656.500 hectares ; récolte moyenne : 41.615.000 hectolitres. Surface moyenne cultivée en froment en 1884-87 : 1.015.300 hectares ; récolte moyenne (bonnes années) : 26.750.000 hectolitres. Voir « Rothamsied Experiments ». du Prof. W. Fream (Londres, 1888), p. 83. Dans ce qui précède, j'ai pris pour base, le chiffre de 205,4 litres par tête et par an indiqué par Sir John Lawes. Ce chiffre se rapproche beaucoup de la ration adoptée par les statisticiens français (206 litres). Les statisticiens russes comptent 206 litres de céréales d'hiver (seigle, principalement) et 91 litres de céréales de printemps (sarrasin, orge, etc.)