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leur nourriture à leur propre sol. Elles seront ainsi contraintes de compter sur la clientèle de leurs nationaux pour leurs manufactures, et sur les productions de leur sol pour leur alimentation. Et plus tôt elles le feront, mieux cela vaudra pour elles.

Cependant deux principales objections s'opposent à ce que ces conclusions soient acceptées. Économistes et politiciens nous ont enseigné, et nous les avons crus sur parole, que les territoires des États de l'Europe occidentale sont tellement surpeuplés qu'ils ne peuvent produire la nourriture et les matières premières nécessaires pour la subsistance d'une population toujours croissante. D'où la nécessité d'exporter des articles manufacturés et d'importer des matières alimentaires. D'autre part, on nous dit que même s'il était possible d'obtenir du sol de l'Europe occidentale assez de nourriture pour ses habitants, il n'y aurait aucun avantage à le faire, tant que l'on pourra faire venir cette nourriture de l'étranger à meilleur compte. Telles sont les théories et les idées ayant cours aujourd'hui.

Et pourtant il est aisé de démontrer que les unes et les autres sont erronées. Le territoire des États de l'Europe occidentale pourrait produire de la nourriture pour des populations bien plus nombreuses que les populations actuelles, — et, qui plus est, cette façon de faire serait