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valeur de 454 millions de fr., ne produisit en 1887 que 378 millions. Les exportations de soieries lyonnaises, qui atteignaient une moyenne de 425 millions en 1855-59, et de 460 millions en 1870-74, tombèrent à 233 millions en 1887. Et des spécialistes français estiment qu’aujourd’hui un bon tiers des étoffes de soie consommées en France sont importées de Zurich, Crefeld et Barmen. L’Italie elle-même, qui a aujourd’hui 191.000 personnes travaillant dans l’industrie des soieries (contre 172.000 en 1891), envoie ses soies en France et fait concurrence à Lyon.

Les industriels français peuvent réclamer à cor et à cri des droits protecteurs, ou se mettre à produire à meilleur marché des étoffes de qualité inférieure, ils ont beau vendre 3.250.000 kg. d’étoffes de soie au prix où ils en vendaient 2.500.000, jamais ils ne reprendront la position qu’ils occupaient autrefois. L’Italie, la Suisse, l’Allemagne, les États-Unis et la Russie ont leurs propres manufactures et n’importeront plus de Lyon que les qualités supérieures. Quant aux qualités ordinaires, un foulard est devenu à Saint-Pétersbourg une parure ordinaire, même dans les classes pauvres, parce que les tisserands en chambre du Caucase septentrional en fournissent à un prix qui ferait mourir de faim les canuts lyonnais. L’industrie a été décentralisée, et si Lyon reste un centre pour les soieries artistiques, il ne reconquerra jamais l’importance qu’il avait il y a