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tres on trouve de la marchandise à meilleur compte que la marchandise anglaise. Telle est l’inévitable conséquence du développement des manufactures dans le monde entier[1].

On fonde aujourd’hui de grands espoirs sur l’Australie, où l’on compte trouver un excellent marché pour les produits anglais. Mais l’Australie fera bientôt ce que fait le Canada. Elle se mettra à fabriquer. Et la dernière Exposition coloniale, en montrant aux « colons » ce qu’ils peuvent faire et comment ils doivent s’y prendre, n’aura fait que hâter le jour où chaque colonie s’émancipera à son tour. Déjà le Canada lève des droits protecteurs sur les marchandises britanniques. Quant aux marchés du Congo dont on a tant parlé et aux calculs de Stanley promettant un commerce annuel de 650.000.000 fr. aux gens du Lancashire, s’ils fournissaient les Africains de pagnes, ces rêves fantaisistes rappellent les bonnets de nuit des Célestes qui devaient enrichir l’Angleterre à la suite de la guerre de Chine. Les Chinois — s’ils portent des bonnets de nuit, — préfèrent ceux qui sont fabriqués dans leur pays ; et quant aux peuplades du Congo, quatre nations au moins se disputent l’avantage de leur fournir leurs misérables vêtements : l’Angleterre, l’Allemagne, les États-Unis et… l’Inde, qu’on ne saurait oublier.

  1. Voir Appendice G.