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tructions maritimes. En 1890, 300 mécaniciens quittaient les usines Armstrong d’Elswick pour aller au Japon construire des navires. Mais ils n’étaient engagés que pour cinq ans, et en cinq ans les Japonais en apprirent suffisamment pour construire eux-mêmes leurs navires[1].

Aujourd’hui, le neuvième Financial Economical Annual, publié à Tokio, en 1909, nous apprend qu’il y avait au Japon, en 1907, 2.975 fabriques de textiles, 570 dans l’industrie du fer, 420 dans les industries chimiques, etc. ; et que les 92 manufactures de coton avaient déjà 1.494.600 broches et 29.160 métiers mécaniques. Le Japon est donc, aujourd’hui même, un rival sérieux des grandes nations industrielles pour les tissus en général, et même pour les cotonnades sur les marchés de l’Asie. Et il l’est devenu en moins de vingt-cinq années.

Ce qui précède est la preuve que l’invasion tant redoutée de nos marchés européens par l’Orient fait des progrès très rapides. Les Chinois sommeillent encore ; mais je suis absolument persuadé par ce que j’ai vu de la Chine que le jour où ils adopteront, avec l’outillage

  1. Inutile de dire combien les prévisions que j’avais exprimées ici en 1890 se sont confirmées depuis. Lors de la guerre que le Japon a soutenue victorieusement contre l’empire russe il a prouvé quels immenses progrès il avait fait dans le développement de ses industries, et quelle puissance représentaient son armée et sa flotte, admirablement bien pourvues de toutes les ressources de l’industrie moderne.