Page:Kropotkine Champs, usines et ateliers.djvu/67

Cette page a été validée par deux contributeurs.

res sont inférieurs de moitié au moins à ceux des ouvriers anglais, le capital émigrera vers l’Inde, comme il est allé en Russie, cette migration dût-elle entraîner la ruine et la misère pour le Lancashire et pour Dundee. Serait-ce la science qui ferait défaut ? Mais les longitudes et les latitudes ne sont point un obstacle à sa propagation ; il n’y a que les premiers pas qui coûtent. Quant à la supériorité de la façon, il n’est personne connaissant l’ouvrier hindou qui doute de ses capacités. Certainement elles ne sont point inférieures à celles des enfants de moins de quatorze ans ni à celles des 300.000 adolescents, filles et garçons, de moins de dix-huit ans, qu’on emploie dans les fabriques de textiles en Angleterre.


Vingt ans, c’est certes bien peu de chose dans la vie des nations. Et pourtant depuis vingt ans un autre compétiteur formidable est apparu en Extrême-Orient. Je veux parler du Japon. Dans son numéro du 15 octobre 1888, le Textile Recorder signalait en quelques lignes que la production annuelle des fils dans les filatures de coton du Japon avait atteint 4.323.000 kilog., et que quinze nouvelles filatures, qui feraient tourner 156.100 broches, étaient en voie de construction. Deux ans plus tard, le Japon filait 11.250.000 kilog. de fil, et tandis qu’en 1886-87 il importait de l’étranger cinq ou six fois plus