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Les tisserands de Lyon ont conservé jusqu'aujourd'hui la réputation d'être l'élite de leur corps de métier en ce qui concerne le travail artistique des étoffes de soie. Les brocarts, les satins et les velours de première qualité ayant un cachet vraiment artistique sont tissés dans les tout petits ateliers qui ne possèdent qu'un ou deux métiers. Malheureusement le caractère irrégulier de la demande pour ce travail de haut style est souvent une cause de misère. Autrefois, quand les commandes se faisaient rares pour les soieries de luxe, les canuts de Lyon recouraient à la fabrication de tissus de qualité inférieure : foulards, crêpes, tulles, dont Lyon avait le monopole en Europe. Mais aujourd'hui les articles ordinaires sont produits en très grande quantité, d'une part par les fabriques de Lyon, de Saxe, de Russie et de Grande-Bretagne, et d'autre part par les paysans des départements français voisins, ainsi que dans les villages suisses des cantons de Bâle et de Zurich et dans les villages des provinces rhénanes, d'Italie et de Russie.

Quant aux villages de la région lyonnaise, l'émigration de l'industrie de la soie des villes vers ces villages y a commencé il y a longtemps déjà, puisqu'elle remonte à 1817 ; mais ce fut surtout dans les années soixante et soixante- dix que ce mouvement prit une grande extension. Vers 1872, près de 90.000 métiers à main