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Quant au tissage, il était exécuté à l'époque dont nous parlons sur 20 à 25.000 métiers mécaniques et sur 75 à 90.000 métiers à main, qui étaient en partie à Lyon (de 15 à 18.000 métiers à main en 1885), mais dont le plus grand nombre se trouvaient dans les villages.

Depuis cette époque le tissage mécanique s'est répandu encore plus, mais le tissage à la main, pour les étoffes de meilleure qualité, subsiste encore dans une forte proportion. Les ateliers où autrefois on pouvait trouver plusieurs compagnons employés par un patron tendent déjà à disparaître : les ateliers ne comptent le plus souvent que deux ou trois métiers, sur lesquels travaillent le père, la mère et les enfants. Mais ces petits ateliers sont encore très nombreux. À la Croix-Rousse, vous les trouvez dans chaque maison et à chaque étage. Le fabricant donne les indications générales sur le genre d'étoffe qu'il désire faire tisser, et ses dessinateurs tracent le modèle : mais c'est l'ouvrier lui-même qui doit trouver le moyen de tisser en fils de toutes nuances le modèle esquissé sur papier. Il crée ainsi continuellement quelque chose de nouveau ; et bien des perfectionnements et des découvertes sont dus à des ouvriers dont les noms mêmes resteront inconnus. On pense généralement que l'électricité, employée comme force motrice, aura pour résultat de donner une force nouvelle à cette industrie.