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telle cupidité, que ceux qui ont oublié les révélations de l’enquête faite en Angleterre en 1840-42 n’auraient jamais pu les imaginer. Les machines des fabriques travaillent, en règle générale, de cinq heures du matin à sept, huit, ou neuf heures du soir, et les ouvriers restent au travail pendant douze, treize, quatorze heures, ne se relevant les uns les autres que pour les repas. Dans les moments de presse il arrive que la même équipe d’ouvriers reste nuit et jour aux machines qui égrènent ou qui emballent le coton, avec une demi-heure de repos dans la soirée. Dans quelques fabriques, les ouvriers prennent leurs repas devant leurs machines et sont si épuisés après huit ou dix jours de labeur ininterrompu qu’ils ne travaillent plus que machinalement, « aux trois quarts endormis. »

« Ce sont là des faits bien attristants, conclut le rapport officiel, qui témoignent d’une profonde misère d’une part, et de l’autre d’une cruelle cupidité. » Mais ce serait une erreur absolue de conclure que les manufactures hindoues ne peuvent concurrencer les manufactures anglaises qu’en continuant cette affreuse exploitation de labeur humain dont nous sommes aujourd’hui témoins. De 1840 à 1848 les usines anglaises offraient absolument le même tableau de cruelle cupidité. Espérons que les temps viendront où les ouvriers hindous sauront mettre un frein à cette cupidité des capitalistes ; et les manufactures de