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des nombreuses branches de la production des richesses. Mais, quelles que soient ses occupations préférées, chacun sera d'autant plus utile qu'il sera en possession d'une sérieuse culture scientifique. Et, quel qu'il soit, — homme de science ou artiste, physicien ou chirurgien, chimiste ou sociologue, historien ou poète, — il gagnerait à passer une partie de sa vie, soit à l'atelier, soit à la ferme — ou mieux encore à l'atelier et à la ferme. Être en contact avec l'humanité qui travaille à sa besogne quotidienne, et arriver à la satisfaction de savoir que lui-même s'acquitte de ses devoirs de producteur non privilégié de la richesse sociale, serait pour le savant comme pour l'artiste un essor de vie nouvelle, un accroissement du génie créateur.

Combien l'historien et le sociologue comprendraient mieux l'humanité, s'ils la connaissaient, non par les livres, non par un petit nombre de ses représentants, mais dans son intégralité, après l'avoir vue dans sa vie, dans son travail, dans ses affaires de tous les jours ! Comme la médecine serait plus confiante en l'hygiène et compterait moins sur ses ordonnances, si les jeunes docteurs étaient les infirmiers des malades, et si les infirmières et les infirmiers recevaient l'éducation des médecins de notre temps ! Comme le poète sentirait mieux les beautés de la nature, comme sa connaissance du cœur humain serait plus profonde si, laboureur lui-même, il