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En résumé, dans chacune des branches de la science le besoin se fait sentir d’une revision des théories courantes, ainsi que de l’apparition de nouvelles généralisations. Et si cette revision exige un peu de l’inspiration géniale qui fait des Galilées et des Newtons, et dont l’apparition dépend de certaines conditions de l’évolution humaine, elle exige aussi, et surtout, un accroissement du nombre des ouvriers de la science.

Lorsque les faits qui contredisent les théories courantes commencent à s’accumuler, celles-ci doivent être révisées ; mais pour observer et recueillir ces faits — on l’a bien vu dans le cas de Darwin, — il eût fallu que des milliers de simples travailleurs intelligents, au lieu d’un seul savant, fussent à la disposition de la science.

D’immenses régions du globe restent encore inexplorées, ce qui fait que l’étude de la distribution géographique des animaux et des plantes rencontre à chaque pas quelque pierre d’achoppement. Des voyageurs traversent des continents sans savoir même déterminer la latitude d’un lieu ou se servir d’un baromètre. La physiologie végétale et animale, la psycho-physiologie, l’étude des facultés psychologiques de l’homme et des animaux sont autant de branches de la science qui auraient besoin d’une vaste accumulation de faits et d’observations des plus simples.