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concrète, à les dessiner, à les modeler, à ne pas tolérer qu'un outil soit mal tenu, à détester les mauvaises méthodes de travail, à donner à tout la dernière touche, à puiser une joie artistique dans la contemplation des formes gracieuses, des harmonieuses combinaisons de couleurs, du « fini » de son travail, et à souffrir à la vue du laid.

Qu'il s'agisse de métier, de science ou d'art, le principal but de l'école n'est point de transformer le débutant en un spécialiste, mais de lui enseigner les éléments, les bonnes méthodes de travail. Par-dessus tout, c'est de lui donner cette inspiration qui l'incitera plus tard à mettre dans tout ce qu'il fera un amour sincère de la vérité, à aimer tout ce qui est beau d'une beauté extérieure ou plus intime, à comprendre la nécessité d'être une unité utile parmi les autres unités humaines, à sentir ainsi son coeur battre à l'unisson avec le reste de l'humanité.

Pour éviter la monotonie d'un travail, au cours duquel l'élève ne ferait que des cylindres et des disques, sans jamais construire de machines entières ou d'autres objets utiles, il y a cent moyens, dont l'un, qui fut en usage à l'École de Moscou, mérite d'être signalé. Aucun travail n'était donné simplement en guise d'exercice. Au contraire, on utilisait tout ce que l'élève avait fait, dès ses premières leçons. Vous souvient-il quelle joie c'était pour vous, dans votre enfance,