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savions à peine nous servir de nos dix doigts, les étudiants de l'École technique fabriquaient de leurs propres mains, et sans l'aide d'ouvriers professionnels, de belles machines à vapeur, depuis la chaudière jusqu'à la dernière vis, délicatement filetée, des machines agricoles et des appareils scientifiques. Tous ces produits étaient destinés à la vente, et ces étudiants obtenaient aux expositions internationales les plus hautes récompenses pour le travail de leurs mains. C'étaient des ouvriers qualifiés, possédant une éducation scientifique, une éducation universitaire ; et ils étaient en haute estime, même chez les industriels russes, qui généralement dédaignent tant la science.

Or, les méthodes au moyen desquelles on obtenait ces remarquables résultats étaient les suivantes. Dans l'enseignement scientifique, les exercices de pure mémoire étaient fort peu en honneur, tandis qu'on favorisait les recherches indépendantes par tous les moyens. On enseignait les sciences, en même temps que leurs applications : et ce qu'on apprenait en classe était appliqué à l'atelier. On apportait en même temps une attention toute spéciale aux abstractions de la haute géométrie, car on y voyait un moyen de développer l'imagination et l'esprit de recherche.

Quant à l'enseignement des métiers, les méthodes étaient tout à fait différentes de celles qui aboutirent à un échec à l'Université de Cornell,