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Quant aux relations entre l'agriculture et l'industrie, on ne peut parcourir les documents accumulés par les statisticiens russes sans en arriver à la conclusion que, loin de nuire à l'agriculture, les métiers domestiques sont, au contraire, le meilleur moyen de la relever, d'autant plus que pendant plusieurs mois chaque année le paysan russe n'a rien à faire dans les champs.

Il y a des régions où l'agriculture a été totalement abandonnée pour l'industrie ; mais ce sont là des régions où l'exercice de la profession agricole avait été rendu impossible par l'exiguïté des lots de terre accordés aux serfs lors de leur libération, et surtout par la mauvaise qualité ou le défaut de prairies sur ces terres, ainsi que par l'appauvrissement général des paysans, — conséquence des impôts écrasants et des payements pour le rachat de la terre, qui étaient très élevés.

Mais partout où les lotissements furent raisonnables et où les paysans sont relativement moins grevés d'impôts, ils continuent à cultiver la terre ; et leurs champs sont mieux entretenus, le nombre moyen de têtes de bétail est plus considérable, là où l'agriculture peut s'associer aux industries domestiques. Même les paysans dont les lots sont peu étendus trouvent les moyens d'affermer de la terre chez les propriétaires