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Aujourd'hui même, quand nous voyons les associations ouvrières réussir dans les coopératives de production, alors qu'il y a vingt ans leurs tentatives dans ce sens aboutissaient invariablement à un échec, nous pouvons affirmer que la cause de leurs premiers insuccès n'était point à chercher dans leur incapacité d'organiser convenablement et économiquement la production, mais dans leur inhabileté de vendeurs et d'exportateurs des produits qu'elles avaient fabriqués. Leur réussite actuelle, par contre, s'explique facilement par le réseau de sociétés coopératives de consommation, qui forment une clientèle toute trouvée. En organisant d'abord le marché, on a rendu possible la production coopérative.

Voilà les quelques conclusions que l'on peut tirer d'une étude des petites industries en Allemagne et ailleurs. Et l'on peut dire, sans crainte d'erreur, que, en ce qui concerne l'Allemagne, si l'on n'y prend pas des mesures pour arracher le paysan à la terre, comme on en a pris en Angleterre ; si, au contraire, le nombre des petits propriétaires fonciers se multiplie, ils s'adonneront infailliblement à différents petits métiers qu'ils exerceront conjointement à leur profession d'agriculteurs, comme ils ont fait et comme ils continuent à le faire en France. Tout effort qui sera tenté pour éveiller la vie intellectuelle dans les campagnes, ou pour assurer les droits