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esprit de recherche, de découverte et d'invention s'y est développé dans toutes les directions, scientifique comme industrielle.

La Croix-Rousse à Lyon, où les canuts (tisseurs de soie) ont leur principal quartier, est le centre de cette industrie ; et en 1895 toute cette colline, couverte des rangs pressés de maisons à cinq, six, huit et dix étages, bourdonnait du bruit des métiers qui fonctionnaient activement dans toutes les chambres de cette vaste agglomération. L'électricité a été mise au service de cette industrie, et c'est elle qui fournit la force motrice aux métiers.

Au sud de Lyon, dans la ville de Vienne, le tissage à la main est en voie de disparition. Le principal produit est aujourd'hui la « renaissance » ou « shoddy » (vieux draps, vieilles laines, réduits en fils et tissés de nouveau). Des 120 fabriques qu'on y trouvait, il y a un demi-siècle, il n'en existe plus que 28. Les vieux chiffons de drap, les lambeaux de tapis et tout le résidu du cardage et du filage dans les fabriques de lainages et de cotonnades du nord de la France, additionnés à une petite quantité de coton, sont transformés en drap qui s'écoule chaque jour de Vienne vers les grandes villes de France, à raison de 20.000 mètres de « shoddy » par jour, pour alimenter les manufactures des vêtements tout faits.

Le tissage à la main n'a évidemment rien à