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dustrie. Ceux qui travaillaient en fabrique ont dû émigrer dans d'autres villes, tandis que ceux qui n'avaient pas rompu avec l'agriculture retournèrent à la culture. Dans cette lutte du coton contre le lin et le chanvre, c'est au premier qu'est restée la victoire.

Quant à la dentelle, elle est fabriquée en si grande quantité à la machine à Calais, Gaudry, Saint-Quentin et Tarare, qu'Alençon ne conserve que la dentelle artistique de toute première qualité ; et, bien qu'on n'en fasse que sur une petite échelle, ce travail constitue une occupation secondaire pour beaucoup de gens des environs.

D'autre part, à Fiers et à La Ferté-Macé, le tissage à la main est encore pratiqué sur 5.400 métiers environ, quoique toute cette industrie, aussi bien dans les villes que dans les villages, soit dans un bien piteux état depuis que les marchés espagnols ont été perdus. L'Espagne a aujourd'hui chez elle des filatures et des tissages de coton en abondance. À Condé, où en 1883 on filait 4.000 tonnes de coton, douze grandes filatures ont dû être abandonnées, et les ouvriers furent réduits à une condition des plus misérables[1].

Au contraire, dans une industrie qui fournit le marché national, la fabrication des mouchoirs

  1. Ardouin-Dumazet, volume II, p. 167.