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L’échange, dans ces conditions, ne serait certainement pas exclu. Au contraire, il pourrait même augmenter d’importance. Mais ce ne serait plus cet échange forcé — cause principale des guerres, — que nous voyons aujourd’hui entre nations, dont l’une cherche à exploiter les retards industriels de l’autre. Ce serait surtout un échange d’hommes, d’idées, de savoir, de suggestions, de modèles à imiter et à dépasser. Et quant aux produits mêmes, l’échange se réduirait plutôt à s’envoyer mutuellement les produits créés par le génie de telle ou telle civilisation historique, ou bien ceux seulement qui resteront forcément limités à certaines zones, à certains climats.

Tant que la société restera organisée de façon à permettre aux propriétaires de la terre et du capital de s’approprier, sous la protection de l’État et de droits historiques, le surplus de la production humaine, un tel changement ne pourra certainement pas s’accomplir d’une manière complète. Mais le système industriel actuel, basé sur une spécialisation permanente des fonctions, porte déjà en lui-même les germes de sa propre ruine. Les crises industrielles, qui s’aggravent et se prolongent de plus en plus, et auxquelles les armements et les guerres, conséquence de l’organisation présente, donnent un caractère encore plus aigu, rendent de jour en jour plus difficile le maintien du régime actuel. Et chaque