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Il est évident que pour la plupart des textiles le métier mécanique est tellement supérieur au métier à main, que dans cette branche la manufacture prend ou a déjà pris la place de la petite industrie en chambre. Les cotonnades, la toile commune et la dentelle faite à la machine sont maintenant produites à si bas prix par des moyens mécaniques, que le travail à la main devient évidemment un anachronisme pour les articles ordinaires. Par conséquent, quoiqu'il y eût eu en France, en 1876, 328.300 métiers à main contre 121.340 métiers mécaniques, on peut être sûr que le nombre de ceux-là a considérablement diminué au cours des trente dernières années. Cependant la lenteur de cette évolution est un des traits les plus marquants de l'organisation industrielle actuelle des industries textiles en France.

Les causes de cette force de résistance du tissage à la main apparaissent avec une netteté toute particulière quand on consulte des ouvrages comme Le Coton de Reybaud, livre écrit en 1863, il y a environ un demi-siècle, c'est-à-dire à une époque où les industries paysannes avaient encore une grande vitalité.

Admirateur enthousiaste de la grande industrie, Reybaud n'en notait pas avec moins de fidélité la supériorité de bien-être qui régnait dans les chaumières des tisserands, aisance qui tranchait avec la misère des ouvriers en fabrique des