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— le métier à main lutte encore avec le métier mécanique.

Dans son ensemble, la transformation des petites industries en grandes industries procède avec une lenteur qui ne peut manquer de frapper d'étonnement ceux-là même qui sont persuadés de sa nécessité. Parfois il nous est même arrivé de constater le mouvement inverse, — accidentellement, bien entendu, et d'une façon temporaire. Je n'oublierai jamais ma stupéfaction lorsque je vis à Verviers, il y a une quarantaine d'années, que la plupart des manufactures de draps, — immenses casernes regardant la rue par plus de cent fenêtres, — restaient muettes, et que leurs coûteuses machines se rouillaient, alors que les tisserands tissaient chez eux, sur leurs métiers à bras, du drap pour les propriétaires de ces mêmes manufactures ! Bien entendu, nous ne sommes ici en présence que d'un fait passager, qu'expliquent parfaitement le caractère spasmodique de cette industrie et les pertes considérables subies par les propriétaires des fabriques quand ils ne peuvent pas faire marcher leurs métiers toute l'année. Mais un tel exemple montre bien les obstacles qui retardent la transformation en question.

Quant à l'industrie de la soie, elle continue à se répandre dans toute l'Europe sous sa forme d'industrie rurale. D'autre part, des centaines de nouvelles petites industries apparaissent cha-