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finaient à l'art et avaient pour but de satisfaire aux besoins des riches, c'était toujours l'industrie rurale qui pourvoyait aux besoins de la grande masse. Et il en est encore ainsi jusqu'à aujourd'hui en Russie et, dans une grande mesure, en Allemagne et en France.

Cependant les moteurs hydrauliques, la vapeur, le machinisme vinrent briser le lien qui unissait autrefois la ferme à l'atelier. Des usines s'édifièrent loin des champs. Elles se groupèrent là où la vente de leurs produits était le plus facile, où les prix des matières premières et du combustible étaient le plus avantageux. De nouvelles villes naquirent, et les anciennes s'agrandirent rapidement ; les campagnes furent désertées. Des millions d'agriculteurs, chassés violemment de leurs terres, se réfugièrent dans les villes pour y chercher du travail, et là ils eurent bientôt oublié les liens qui les attachaient au sol. Et nous, dans notre admiration pour les prodiges accomplis sous le nouveau régime de la grande industrie, nous ne vîmes plus les avantages que procurait l'ancien système au cultivateur, alors qu'il était en même temps un ouvrier industriel. Nous condamnâmes à disparaître toutes ces branches d'industrie qui florissaient autrefois dans les villages, nous condamnâmes toute industrie qui ne prenait pas la forme de l'usine ou de la grande manufacture.

En vérité, les résultats étaient grandioses en