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1890, le 3 mai, on commençait à couper des grappes de raisins dans les serres de M. Bashford, et on continua à en cueillir jusqu'en octobre. Dans d'autres serres des charretées de petits pois avaient déjà été ramassées, et des tomates allaient les remplacer après un nettoyage à fond de la serre. Les 20.000 pieds de tomates qu'on allait planter ne devaient pas produire moins de 80 tonnes d'excellents fruits, soit 4 kilogrammes par pied. Dans d'autres serres, c'étaient des melons que l'on cultivait au lieu de tomates. Trente tonnes de pommes de terre hâtives, six tonnes de petits pois hâtifs et deux tonnes de haricots verts hâtifs avaient déjà été expédiées en avril. Quant aux serres à vigne, elles ne fournissaient pas moins de vingt-cinq tonnes de raisins par année. D'autre part, beaucoup d'autres plantes étaient cultivées en plein air ou comme cultures « dérobées, » et toute cette masse de fruits et de légumes était le résultat du travail de trente-six personnes, hommes et jeunes gens, sous la surveillance d'un seul jardinier, le propriétaire lui-même. Il est vrai qu'à Jersey et surtout à Guernesey tout le monde est jardinier. Pour chauffer ces serres on brûlait environ mille tonnes de coke. M. W. Bear, qui a visité le même établissement en 1886, avait bien raison de dire que l'on faisait produire à ces cinq hectares autant d'argent qu'un fermier en retirerait de cinq cents hectares.