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Tout un système de culture, commençant par la sélection des tubercules, les préparatifs pour les faire germer, le choix de terrains bien abrités et bien situés et d'engrais convenables, et finissant par la boîte où les pommes de terre germent et qui a tant d'autres applications utiles, tout un système de culture a été élaboré dans l'île à ce dessein par l'intelligence collective des paysans[1].

Dans les dernières semaines de mai et en juin, quand l'exportation bat son plein, toute une flotte de vapeurs font la navette entre cette petite île et différents ports d'Angleterre et d'Écosse. Chaque jour huit ou dix vapeurs entrent dans le port de Saint-Hélier, et vingt-quatre heures après ils sont chargés de pommes de terre et se remettent en route pour Londres, Southampton, Liverpool, Newcastle et l'Écosse. De 30.000 à 60.000 tonnes de pommes de terre, valant de 6.500.000

  1. On ne saurait trop insister sur ce fait que le développement de cette branche de la culture a eu un caractère collectif. On peut aussi faire venir des pommes de terre primes en beaucoup d'endroits de la côte méridionale anglaise, sans parler de la Cornouaille et du South Devon, où les pommes de terre sont déjà obtenues en petites quantités par quelques cultivateurs aussi tôt qu'on les obtient à Jersey. Mais tant que cette culture restera l'œuvre de cultivateurs isolés, les résultats en seront nécessairement inférieurs à ceux auxquels arrivent les paysans jersiais grâce à leur expérience collective. Pour les détails techniques concernant la culture de la pomme de terre à Jersey, voir un article d'un cultivateur de Jersey dans le Journal of Horticulture des 22 et 29 mai 1890.