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Les progrès réalisés récemment à Jersey sont entièrement dus à la somme de travail fournie par une population dense, à un système de propriété foncière, de transfert de la propriété et d'héritage très différent de ceux qui existent partout ailleurs, à la modération des impôts d'État, et au fait que les institutions communales ont été maintenues jusqu'à une époque toute récente, ce qui fait qu'un certain nombre de coutumes communales et d'entr'aide qui en sont dérivées sont encore bien vivantes à l'heure actuelle.

Quant à la fertilité du sol, elle est due en partie au goëmon cueilli en toute liberté sur la côte, mais surtout aux engrais fabriqués en Angleterre à Blaydon-on-Tyne, avec toutes sortes de déchets, — y compris des ossements apportés de Plevna et des momies de chats expédiées d'Égypte.

C'est un fait connu que depuis près d'un demi-siècle les paysans et les fermiers de Jersey cultivent les pommes de terre en primeur sur une grande échelle et qu'ils ont obtenu dans cette direction des résultats très satisfaisants. Leur principal but étant d'avoir leurs pommes de terre aussi tôt que possible, quand elles atteignent au pont de pesage de Jersey le prix de 400 à 500 fr. la tonne, on les cultive de façon à pouvoir commencer à les arracher, dans les endroits les mieux abrités, dès les premiers jours de mai ou même à la fin d'avril.