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habitants n'ont, par bonheur, pas connu les bienfaits de la loi romaine et des latifundia, puisqu'ils vivent encore selon le droit coutumier de Normandie.

La petite île de Jersey, longue de treize kilomètres, et large de neuf, est encore aujourd'hui un pays de culture en plein champ. Mais, bien que sa surface ne soit que de 11.500 hectares, rochers compris, elle nourrit une population de 500 habitants par kilomètre carré, et il n'est pas un auteur s'occupant d'agriculture qui, après avoir visité cette île, n'ait apprécié le bien-être des paysans jersiais et n'ait loué les résultats qu'ils obtiennent dans leurs petites fermes de 2 à 8 hectares — et souvent même de moins de 2 hectares — au moyen d'une culture rationnelle et intensive.

La plupart de mes lecteurs seront probablement étonnés d'apprendre que le sol de Jersey, qui se compose de granit décomposé, est loin d'être d'une remarquable fertilité, et que son climat, quoique plus ensoleillé que celui des Îles Britanniques, présente bien des désavantages à cause du manque de chaleur solaire en été et des vents froids du printemps. Mais il en est pourtant ainsi, et au commencement du dix-neuvième siècle les habitants de Jersey vivaient surtout de produits alimentaires importés[1].

  1. Voir Appendice J.