Page:Kropotkine Champs, usines et ateliers.djvu/164

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L'économie politique continue à baser ses raisonnements sur l'acceptation tacite de ces enseignements. Elle raisonne comme si l'impossibilité d'accroître rapidement les pouvoirs productifs d'une nation et de donner satisfaction à tous les besoins était prouvée. Ce postulat se dresse à l'arrière-plan de toute économie politique, classique ou socialiste ; il est au fond de toute théorie sur la valeur d'échange, les salaires, la vente de la force de travail, la plus-value, l'échange et la consommation. L'économie politique ne s'élève pas au-dessus de l'hypothèse que les choses nécessaires à la vie ne peuvent être produites qu'en quantités limitées et insuffisantes. Et toutes les théories ayant trait à l'économie sociale admettent ce même principe erroné. Presque tous les socialistes acceptent également ce postulat. Mieux encore, dans le domaine de la biologie elle-même, — cette science si profondément unie aujourd'hui à la sociologie, — n'avons-nous pas vu récemment la théorie de la variabilité des espèces recevoir un appui inattendu du fait d'avoir été reliée par Darwin et Wallace à l'idée fondamentale de Malthus, à savoir que les ressources naturelles font infailliblement défaut pour fournir les moyens d'existence aux animaux et aux plantes qui se multiplient rapidement.

Bref, nous pouvons dire que la théorie de Malthus, en revêtant d'une forme pseudo-scientifi-